mercredi 13 octobre 2010

Je n'ai pourtant pas peur des aiguilles !

Dimanche sont venus chez moi des amis pour m’encourager à m’injecter ma dose d’ANARESP. C’est un médicament que je dois m’injecter une fois par semaine et qui envoie un signal à mon corps de produire plus de globules rouges. Parce que je suis anémique, vous vous souvenez? Oui à cause de mes reins. Bon alors, ils sont venus chez moi pour m’encourager et c’est une bonne chose qu’il eut été là, sans quoi je ne suis pas certain que j’aurais réussis seul. C’est un combat. Ce n’est pourtant pas grand-chose, mais c’est une seringue que je dois m’enfoncer dans la cuisse, une pièce de métal qui doit traverser ma chair. Mon cerveau dit à mon bras « Dude… tu fais quoi avec ça dans les mains là » et lui de répondre « Je sais pas man, j’ai rien à voir là dans! »… « Ok dude, check tu vas laisser tomber ça pis tout va bien aller ok? ». Pendant ce temps moi je capote. Le geste n’est pas naturel… disons. Après de longues minutes de concentration et de dialogue avec chacun des membres du conseil d’administration de mon corps, j’ai finalement sèchement enfoncé l’aiguille tant redoutée dans la jambe. Merde, j’ai rien senti !

mercredi 6 octobre 2010

L’hypertendu : remerciements et dernières nouvelles

Je prends un instant pour vous remercier. Tous ceux et celles qui m’ont encouragé, qui m’ont offert leurs appuis, qui m’ont dit « lâche pas », qui m’ont offert leur aide, qui se sont inquiétés, qui s’inquiète encore, qui veulent tout savoir et qui penses à moi, je vous dis merci. Ça fait vraiment beaucoup plaisir et ça allège considérablement la situation que je vis en ce moment. Je ne savais pas trop où je m’en allais avec ce blogue et j’ai plutôt commencé à écrire d’instinct. Outre d’éviter des malentendus tels que « viens-tu prendre une bière après la job? », ce à quoi je peux maintenant répondre « une bière contre ton rein », ce blogue permet en quelque sorte de nous mettre sur la même longueur d’onde.

Pour les dernières nouvelles, alors voilà… Après deux autres visites à l’hôpital; une au département de résonance magnétique et avec ma néphrologue et l’autre en clinique de prédialyse, je ressors avec une confirmation que l’hématome autour du rein est encore géant (2.5 cm d’épais par 8.6cm de long). Je ressors aussi avec une prescription d’Aranesp question de faire une vraie Geneviève Jeanson de moi et d’enfin pouvoir déclarer : « Je n’ai jamais pris d’EPO de ma vie » pour ensuite m’enfuir dans le sud… Bon ok, en fait je ne l’utilise évidemment pas pour me doper, mais bien pour augmenter le nombre de globules rouges dans mon sang et donc d’oxygène dans l’organisme, car étant anémique le seul fait de monter un escalier est suffisant pour m’essouffler. J’ai aussi une myriade de suppléments alimentaire à prendre durant la journée, notamment du fer afin de combler une importante carence. Finalement, je dois continuer à me reposer et attendre que l’hématome se dissipe tranquillement. Pendant ce temps, ma néphrologue a déjà commencé à écrire une lettre afin de me présenter pour une greffe de rein. La clinique de prédialyse me rencontre aussi vendredi pour une séance d’information sur la dialyse et ses différentes formes. Idéalement, il faudrait que j’arrive à obtenir un rein avant la satanée dialyse…

Je vais tenter de vous tenir au courant au fur et à mesure que les choses évoluent et je tiens encore à remercier chacun d’entre vous… Et s’il arrivait que vous ayez un rein en trop… pensez à moi !

lundi 4 octobre 2010

L’hypertendu et la convalescence

Je suis seul dans ma chambre du SSU, dans une pièce à l’écart du reste des patients, dans une pièce ou le brun est roi et maître. Sauf pour le plafond qui est formé de tuiles en mousse blanche. Même les rideaux servant à diviser les deux lits qui meublent la pièce sont en parfaite harmonie avec la monotonie des murs. Je suis couché sur le dos et je ne peux bouger, ordres du médecin. Malgré les trois épaisseurs supplémentaires de couverture, je tremble de toute part et seul l’excellent riz frit au poulet servi au souper finit par me donner un peu de chaleur. Pour uriner, c’est dans un réceptacle en carton recyclé que cela se passe. D’ailleurs, la première urine est cruciale; l’infirmière doit l’examiner pour s’assurer qu’elle ne contienne pas de sang visible. Charmant. Le lit dans lequel je suis installé est aussi douillet qu’une brique et mon dos souffre de l’impossibilité de positionner ce foutu matelas droit. J’ai beau actionner les manivelles et tenter de jouer sur l’angle, il y règne perpétuellement une agressante asymétrie. J’ai mal et je suis incapable d’identifier si cela est dû à l’anesthésie qui tranquillement perd de son pouvoir ou si cela est plutôt musculaire. J’ai l’impression d’être au-dessus d’un feu et de rôtir lentement. Ce soir-là, mon père est venu me voir et bien que cela n’ait pu atténuer la douleur physique, j’ai pu m’endormir l’esprit tranquille.

Le lendemain matin je me fais réveiller par la désormais traditionnelle prise de sang. On vérifie mes signes vitaux; tout semble bien se passer. Les choses prennent toutefois une nouvelle tournure lorsque le médecin du SSU vient me voir pour m’informer que mon niveau d’hémoglobine est bas, ce qui indique une hémorragie interne. Mon rein saigne. Merde. Je me rappelle la Russe et me demande si j’ai bien reçu le fameux médicament par intraveineuse ou si, après tout, j’ai reçu la dose dans le bras. On doit me garder en observation une journée de plus : échographie et prises de sang au rendez-vous. « Vous savez, en trente ans de carrière, c’est la deuxième fois que je vois cela se produire ». J’en suis flatté. Vraiment. Ce soir-là j’ai reçu la visite d’un clown sans nez, mais armé de confettis et d’une carte signée par mes collègues de travail. Le problème avec les clowns c’est qu’ils font rire et qu’à chaque fois, j’ai l’impression qu’on m’arrache un morceau de chair à l’intérieur. Mais... Merci!

Mon médecin vient une fois de plus me rencontrer tôt le lendemain matin. Cette fois-ci elle désire me parler du futur. Sans aucune introduction ou préparation, elle s’élance : « Philippe, j’aimerais te rencontrer lundi afin qu’on parle de l’avenir. Je vais aussi inviter une spécialiste de la clinique de prédialyse et selon les résultats de la biopsie, nous pourrons commencer à regarder les possibilités d’une transplantation ». Ça prend vraiment un doctorat pour formuler une phrase comme celle-là. Évidemment, sur le coup, je ne suis pas trop certain de saisir toute la portée de ce qui vient de s’échapper de sa bouche. «On se dirige inévitablement vers la dialyse; lorsque ton niveau de créatinine atteindra un certain niveau, tu ne seras plus fonctionnel et on devra faire une dialyse ». J’imagine que mon médecin a pu voir dans mon regard que l’information ne s’est pas immédiatement rendue jusqu’à moi. À ce moment quelque chose à tout bloqué… Je peux rentrer à la maison?... Maintenant?...

… À suivre…

samedi 2 octobre 2010

L’hypertendu et sa biopsie

Elle était grande et malgré tout se déplaçait dans l’espace en flottant, en planant presque. Ses traits étaient peut-être ceux d’une Russe et chacun de ses mouvements était un mélange de la grâce des grands ballets et d’une sensualité assumée. Les gestes les plus simples, que ce soit pour s’assoir sur une chaise à roulettes ou se pencher au-dessus du comptoir pour prendre le téléphone qui sonne, étaient faits d’une manière élégante et séduisante, laissant toujours son uniforme d’infirmière remonter légèrement pour en dévoiler une peau lisse.

Elle vint vers moi afin de m’installer un cathéter intraveineux. Je suis entre bonnes mains me dis-je une fois de plus. Elle rata à deux reprises l’insertion au bras gauche, m’enfonçant l’aiguille avec force et sans doigté. Merde, comment une femme aussi gracieuse peut-elle en arriver à me charcuter comme ça ? Son troisième essai, au bras droit, fut d’autant plus douloureux, mais semblait réussi malgré un saignement inhabituellement abondant autour de l’aiguille-guide. Elle me brancha ensuite à mon sérum qui devait prévenir le saignement lors de l’intervention et s’éloigna, laissant derrière elle plusieurs déchets sur mon lit et un homme perplexe, stupéfait.

Depuis mon arrivée à l’hôpital, le froid et l’humidité s’étaient emparés de moi, me pénétrant jusqu’aux os, me laissant tremblotant dans mon lit, les pieds et les mains complètement congelés; il faisait un temps gris dehors jusque dans mon corps. Je tremblais encore lorsque le transport vint me chercher pour m’acheminer vers la radiologie où aurait lieu la biopsie. Ça y est, j’y suis. La nervosité monte d’un cran tout comme le pouls et je tremble toujours autant.

Le tout débute avec une échographie afin de déterminer l’emplacement exact de mon rein gauche, l’heureux élu de l’intervention. Cette fois-ci je n’ai pas du tout envie de demander si c’est une fille ou un garçon. Pendant ce temps, une infirmière me propose de me brancher à un sérum calmant, rien de puissant, une simple solution pour me détendre. J’accepte, car je suis crispé, glacé. On me place ensuite sur le ventre avec un coussin pour me faire un dos rond, éloignant ainsi mes côtes de l’emplacement des reins.

Le médecin entre finalement et se présente de même qu’un deuxième et une technicienne qui sera chargée de vérifier la validité des prélèvements. On m’anesthésie localement grâce à trois injections dans le haut du dos et sur le flan, l’endroit qui me chatouille le plus; quel étrange mélange de sensations. On me montre la tige qui servira à aller chercher les échantillons : c’est une espèce de paille d’environ un millimètre et demi de diamètre, dix centimètres de long et munis d’une poignée de revolver. On m’explique aussi qu’ils doivent aller chercher trois échantillons et que la technicienne devra vérifier chacun d’eux afin d’en déterminer la qualité; il se pourrait qu’on doive aller en chercher un quatrième. Super. Les deux premières entrées se font à merveille : je ne sens rien, on me tapote le dos afin de guider l’aiguille vers mon rein (les médecins sont guidés par l’échographie en temps réel), on me demande soudainement d’arrêter de respirer et j’entends le « cloc! » du fusil qui se déclenche afin de prendre son échantillon. Laissez-moi vous parler de l’échantillon : c’est en fait une véritable carotte de rein, un morceau de steak d’un bourgogne presque brun d’environ deux centimètres de long et d’un millimètre de diamètre. J’assiste au relais médecin-technicienne de ma carotte de rein à chaque fois. C’est étrange et contrairement à Hannibal, ça ne me met pas en appétit. Au troisième échantillon, l’autre médecin qui jusque-là était resté muet dit : « Can I try? ». Tu me fuckin niaise ?...

Une fois l’opération terminée, l’infirmière retire la solution calmante de mon bras et… le cathéter ne reste pas en place. Stupéfaite, elle réfléchit à voix haute en se disant que l’intraveineuse avait mal été insérée… Maudite Russe, je le savais ! Je tremble encore. Je suis entre bonnes mains.

… à suivre…

vendredi 1 octobre 2010

L’hypertendu rencontre son médecin

C’est mardi que je me suis présenté à l’hôpital pour ma biopsie rénale. Après une présence à l’admission et l’habituelle prise de sang matinale, j’allais rencontrer mon médecin et discuter de mon court séjour à l’hôpital. Depuis la confirmation de la fameuse intervention médicale, je dois vous avouer que j’ai entendu mille et une histoires sur la façon dont tout cela allait se passer; de l’anesthésie générale à l’intervention à froid en passant par un système où j’ajusterais moi-même la dose calmante. C’est donc avec intérêt et curiosité que je me présentais à ma clinique de néphrologie afin de connaître de quoi il en retournait réellement.

Avant de procéder à l’intervention comme telle, il fallait attendre que les résultats de la prise de sang arrivent. Sans compter que la coordination de mon séjour prenait tout d’un coup des airs de course contre la montre; la coordinatrice au téléphone afin de presser l’arrivé des résultats, mon médecin en communication avec le SSU (Short Stay Unit) qui devait m’héberger pour la nuit. Puis les résultats de ma prise de sang arrivèrent.

Le regard du médecin, qui jusqu’à maintenant restait plutôt calme malgré l’empressement, signala un cran d’inquiétude et c’est avec un air de stupéfaction contrôlé qu’elle se retourna vers moi pour m’annoncer que les choses se dégradaient plus vite que prévu… les choses étant mes reins, évidemment. Tout s’accéléra rapidement : la coordinatrice multiplia les appels, mon médecin intervint auprès du SSU afin qu’ils m’administrent un médicament spécial qui a comme fonction de prévenir l’hémorragie de mon rein lors de l’intervention qui autrement serait inévitable. L’atmosphère ressemblait à celle qui règne lorsqu’on remet un travail d’équipe de fin de session à la dernière minute; pouvez-vous administrer le médicament; qui peut aller le chercher; qui autorise ceci; qui est responsable de cela? Une opération de guerre. « Je savais que ta fonction rénale allait baisser, mais je suis surprise de voir qu’on a atteint ce niveau aussi rapidement ». En effet, je constate bien que tout cela les a pris par surprise. Je me dirige donc vers le 14e étage afin qu’on me prépare pour la biopsie. Une grande respiration, un sourire… je suis entre bonnes mains.

… à suivre…