samedi 12 novembre 2011

Fistule, hémorragie et dodo

Je suis allé passer un premier examen afin de savoir si je suis un bon candidat pour la fistule. J'ai en effet de très belles veines selon le médecin ce qui me permet de poursuivre les examens mardi prochain. Malgré tout, je voudrais bien éviter cette opération. Même si la fistule représente beaucoup moins de risques d'infection que le présent cathéter, même si cela évite un risque que mes veines se contractent, la fistule me hante et me dégoute. Mais tout n'est pas qu'apparence.

Quand je me regarde dans le miroir avec mes tubes et mes cicatrices, ce que je vois ne me dégoute pas au contraire, j'aime mon corps, j'aime ce que je vois. Ce que je vois est un état temporaire, les tubes qui dépassent ne m'appartiennent pas. Ce qui me répugne avec la fistule c'est que c'est une modification du corps plutôt qu'un implant. Cela me dégoute au même titre que quelqu'un pourrait être dégouté par des tatous, des fausses boules ou une face liftée; c'est carrément une mutation. Ce changement physique bouleverse mon identité. Je ne m'identifie pas comme quelqu'un de malade, mais lorsque je porterais la fistule, je n'aurais d'autre choix que de me dire, je suis malade et j'en porte la preuve visible. Tout cela peut vous sembler irrationnel, car avoir un tube qui sort du cou est loin d'être subtil. Pourtant, il m'est invisible et parce qu'il est un objet en plastique on l'identifie immédiatement comme temporaire.

Cette semaine on m'a enlevé Arnold, mon cathéter abdominal. Cela faisait environ deux mois qu'il ne me servait plus à rien puisque je suis maintenant en hémodialyse. Petite opération de routine en anesthésie locale. Comme je suis amant de la chance, il y a eu complication. Juste avant de partir, l'infirmière décide de jeter un dernier coup d’œil à mon pansement. L'horreur. Le pansement était imbibé de sang et une bosse comme si un Alien voulait me sortir du ventre habillait ma cicatrice maintenue par des broches en métal. Dommage que l'Halloween soit déjà passée. Hémorragie des tissus, probablement un vaisseau sanguin qui n'a pas été cautérisé comme les autres. Douleur constante et surtout, une sensibilité extraordinaire. Mon corps était tellement écœuré de se faire charcuter son réflex lorsque le médecin ou l'infirmière frôlait la région blessée, était une violente contraction accompagnée de chocs électriques violents dans mon cerveau.

J'ai passé une semaine tranquille mettons. Repos, dodo et anémie. Le médecin de la fistule m'a dit qu'en carrière il n'a eu qu'un seul cas d’hémorragie. Je ne vais courir aucun risque en lui suggérant de prendre les précautions nécessaires, car je risque fort bien d'être son deuxième cas! Cela commence à m'inquiéter pour la greffe. S'il y a une opération où je ne veux pas être un cas d'exception, c'est bien celle-là!