jeudi 26 septembre 2013

Annonce Classée (ou la fois où je feelais bin trop romantique)

Homme cherche femme. Je suis célibataire depuis plusieurs années et j'aimerais maintenant partager ma vie avec quelqu'un qui pourra répondre à la description suivante. Je cherche une femme « qui aime rire et boire du bon vin entre amis ». Ok, je niaise. Si tu fumes, ça part mal. Tu vois, j'ai assez de bobos comme ça. En plus, ça pue la cigarette (oui oui même quand tu fumes dehors. Tsé ton pète, même si tu le fais dehors, il sent la marde pareil). J'ai dit que j'avais des bobos. J'attends une greffe de rein. Si en lisant ça, ta première réaction a été « pauvre lui », tu peux aller lire une autre fiche; je n’ai pas besoin de ta pitié. Si ça t'excite, je suis confus, mais ça peut toujours marcher. J'ai des dialyses trois fois par semaine, alors faut que tu sois capable d'endurer mes sautes d'humeur, mes retours à la maison tardifs après mes traitements, ma fatigue omniprésente, ma déprime occasionnelle, que je ne puisse pas voyager, que je ne puisse pas prendre des vacances avec toi au chalet de tes parents, mes faibles revenus, que je ne puisse pas aller au restaurant en amoureux (ou pas), que je ne boive pas de bon vin entre amis, que je ne mange jamais la même affaire que toi (mais toi, tu pourrais manger la même affaire que moi). C'est compliqué, je sais, mais ce n’est pas impossible. 

Et puis tu sais, il y a ce moment où le téléphone sonnerait et qu'à l'autre bout du fil, il y aurait ce médecin qui m'appelle pour me dire qu'ils ont un rein pour moi. Ce serait un moment inoubliable; une grande joie et tu pourrais être là pour la partager avec moi. On hurlerait comme des fous, on se rendrait à l'hôpital en taxi en pleurant de joie tout le long du trajet en se disant « je t'aime, ça va bien aller ». Je te serrais très fort dans mes bras avant de disparaître dans la salle d'opération pendant que tu enverrais à tous nos amis des textos euphoriques. Tu serais aussi nerveuse que moi. Moi, c'est sûr que j'aurais la chienne comme je n’ai jamais eu la chienne. Je sais déjà que j'aurais des sueurs froides et la chair de poule.

À mon réveil tu serais là, souriante et magnifique malgré tes cernes et tes cheveux gras. Tu serais la première chose que je verrais et je tomberais amoureux de toi pour la deuxième fois. On se regarderait et on se mettrait encore à brailler. Je me dirais que je suis le gars le plus chanceux au monde de t'avoir et je voudrais te faire l'amour, te dire « je t'aime » encore et encore. On se tiendrait par la main en se disant de belles choses au moment où mes parents et nos amis entreraient dans la chambre. Le lendemain, tu aurais pris congé de ta job pour venir me voir. Je te dirai alors que tu en fais trop pour moi, que je ne mérite pas tout ça, que je ne pourrai jamais assez te remercier. Tu me diras de me taire et de profiter de chaque instant de bonheur qui m'arrive en ce moment. Je te dirais que j'ai peur d'être changé par la greffe et de ne plus t'aimer comme avant. Tu ne diras rien, mais ton sourire voudra tout dire. 

Il faudra encore que tu endures mes pilules et l'angoisse d'un rejet et l'idée qu'une deuxième greffe sera inévitable un jour ou l'autre et qu'il n'est pas exclu que je reprenne la dialyse malgré tout. Mais tout ça nous semblera bien indifférent tellement nous aurons vécu quelque chose d'unique et de grandiose. Écris-moi, je t'attends.

lundi 9 septembre 2013

Rock'n Roll.

Il y a quelques mois, j'ai commencé des cours de batterie. L'instrument, pas la pile. C'est une vieille passion que je n'avais pas encore mise à exécution. Comme le permis de conduire que je viens de passer avec succès, dix-sept ans après avoir complété l'examen pratique. J'aurais dû apprendre la batterie il y a plus de dix-sept ans, mais parfois l'adolescence est un labyrinthe où l'on se perd à force de se chercher. J'irais voir un disciple de Freud pour régler ça un de ces quatre, mais pas avant dix-sept ans. 

Revenons à notre musique. J'ai toujours aimé la batterie, c'est l'instrument qui vient me chercher avant même la guitare, avant la voix. Je comprends la complexité des mouvements employés et je visualise la difficulté d'exécution. J'entre dans un état d'hypnose, me laissant emporter par les rythmes divins de Danny Carey, batteur, percussionniste, génie du groupe américain Tool. Je bave d’incompréhension et d'admiration devant la perfection des mouvements de Martin Lopez, ex métronome de la formation suédoise Opeth. La liste pourrait s'éterniser, mettant en valeur différentes qualités pour chaque batteur. Mon premier coup de cœur a été Jimmy Chamberlin, membre fondateur des Smashing Pumpkins. À partir de ce moment, la batterie ne pouvait plus quitter mon esprit et tout devenait rythme. 

La semaine passée, mon prof m'a donné la partition de ma première toune! Je m'acharne donc à maîtriser à la perfection Back in Black de AC/DC! Rythme lent, répétitif, sans extravagances, bref, super facile. Super facile pour n'importe quel musicien qui a commencé enfant à apprendre la musique. À trente-trois ans (je vous bénis tous), j'avoue que c'est loin d'être instinctif. Je suis fasciné par le clivage qui existe entre la compréhension intellectuelle d'un problème et sa résolution physique. Il n'est pas tout de comprendre la théorie, encore faut-il la traduire dans le réel. Étrangement, cette épreuve m'a toujours donné de la difficulté, que ce soit dans un contexte relationnel, de travail, pour poser une question en classe ou encore, comme je m'intéresse ici, l'exécution d'une pièce musicale. La coordination de l'intellect et du corps n'est pas chose acquise semble-t-il.

Les mécanismes du langage sont rouillés chez moi, je crois! C'est comme lorsqu'on lit un article sur un sujet complexe et qu'on tente de le résumer à des amis. On comprend ce qu'on a lu, on saisit les problématiques, on entrevoit les conséquences en lien. Pourtant, lorsqu'on le « sort » à l'oral, c'est la catastrophe; bégaiements, hésitations, on revient sans cesse sur un « détail important » oublié, on s'enlise dans des parenthèses infinies, on y ajoute son opinion. Finalement, c'est un bordel total! La musique, elle, est direct et droite. Pour suivre note par note une partition, la traduction se doit d'être parfaite. Une erreur provoque l'absence d'une note ou une de trop et l'impact est immédiatement audible, il n'y a aucune ambiguïté. Le rock m'apprend à être direct, constant et clair, mais aussi, et surtout, à pratiquer comme un malade. Ça tombe bien n'est-ce pas?!