mercredi 27 février 2013

Petit guide de survie à l'hiver québécois.


Pour une raison que j'ignore, j'ai été particulièrement esquinté par l'hiver québécois cette année. L'absence de lumière, le froid intense de janvier, mon anémie incontrôlable; tout ça m'a assommé au point de me poser de sérieuses questions quant à ma santé mentale. J'ai alors établi un plan de redressement émotif basé sur des principes simples de psychologie. Mes objectifs étaient de générer de la motivation, assurer l'engagement et de me déjouer moi-même.

Motivation :
J'ai fondé mon plan sur les principes de motivation intrinsèque et extrinsèque. N'ayant aucune motivation intrinsèque cet hiver, j'ai cherché à stimuler l'extrinsèque dans l'espoir que celui-ci agisse subtilement sur l'intrinsèque. Voici la méthode :

  • Se mettre sur son 36 pour aller faire l'épicerie ou n'importe quelle sortie quotidienne et banale.
  • S'acheter un magnifique morceau d'agneau (chose que je n'achète jamais $$$) et me préparer un couscous, repas réconfort par excellence.
  • Accepter toutes les invitations de ses amis.
  • Sortir dans les vernissages et lancements de toute sorte.
Engagement :
Qui dit déprime, dit isolement. Il faut combattre l'isolement en s'engagent dans des activités en affirmant notre présence au autres. Voici la méthode :
  • Confirmer de manière verbale ou écrite notre présence aux activités et sorties.
  • Consulter en thérapie chaque semaine avec un contrat qui offre une pénalité pécuniaire en cas d'absence.
  • S'abonner au gym.
  • Prendre rendez-vous avec un entraineur au gym.
  • Accepter une offre de bénévolat.
  • Harceler ses amis pour organiser des sorties.
Se déjouer :
Se déjouer n'est pas simple et repose sur des principes auquel je n’adhère habituellement pas. Tout comme la thérapie par le rire, se déjoué consiste à stimuler artificiellement un état de joie. Voici la méthode :
  • Écouter de la musique ultra joyeuse (dans mon cas l'album « Tourist History » de Two Doors Cinema Club fonctionne particulièrement bien).
  • S'acheter 2-3 bébelles pour se faire plaisir.
Évidemment, tout ça a pris du temps avant de faire effet et il est important de persévérer. L'activité physique s'est avérée être la solution ayant les effets les plus notoires et a coïncidé avec la fin de mon anémie. Mystère. Néanmoins, vivement le printemps!  

lundi 18 février 2013

Silence (un texte qui n'est plus vrai maintenant)

Les longs silences trahissent souvent une période plus sombre où l'isolement, bien que n'aidant en rien la situation, bien au contraire, est employé tel un réflexe de survie. Il est vrai que je ne vous ai pas écrit depuis un moment. J'aurais pu vous écrire toutes sortes de mésaventures médicales, mais il vient un temps où l'accumulation décourage, tout simplement. Je ne sais pas si c'est cet hiver de merde, ce froid que je ne supporte plus sur ma peau, le vent qui me transperce jusqu'aux os ou bien le manque de soleil qui me rend aussi morose. C'est peut-être plutôt l'anémie qui m’affaiblis ou encore mes sueurs nocturnes postdialyse, celles pour qui je passe toute sorte de tests afin d'en comprendre la cause et qui excite les médecins, probablement eux-mêmes blasé par la routine et enfin captivé par une autre incompréhension médicale. Parfois je me demande aussi si je ne suis pas dépressif, pas déprimé, mais carrément dépressif. Il doit y avoir plusieurs degrés de dépression, ou peut-être suis-je pris du mal saisonnier. Je passe mon temps à tenter de me souvenir de moi avant. Avant la maladie. Avais-je si peu d'énergie avant, étais-je aussi difficilement motivé. Je ne me souviens de rien. Je me questionne constamment sur le responsable de cet état d'immobilité; mon corps, mon esprit, la nature. Peut-être bien tout ça en fait. Je n'ai plus de repères par rapport à moi-même, le moi d'il y a maintenant plus de deux ans. La maladie provoque des inconnus; celui de l'avenir et maintenant celui du moi. Qui suis-je me demandais-je tantôt affaibli par les traitements, tantôt paralysé par la déprime (ou est-ce une dépression?) n'ayant pas la force, ni le goût de faire quoi que ce soit, m'enfermant chez moi, touts chauffages dans le tapis! Plus je réfléchis, plus je tourne en rond. Il n'y a plus de réponses à mes questions, car la vérité n'existe plus. Je dois vivre avec ce que j'ai maintenant et cesser de penser à ce qu'il y avait avant. Car avant n'est plus, point final. 

Vous aurez compris que si je publie ce texte ce matin, c'est que je vais beaucoup mieux; je n'aurais jamais eu la force d'écrire ce texte il y a quelques semaines au moment où je vivais cette période sombre. Pourquoi le faire maintenant? Je ne sais pas, j'avais envie d'écrire, voilà tout. J'ai toujours eu un intérêt pour le malheur, surtout le mien. Peut-être un jour aurais-je le courage d'écrire quand ça va bien! Ce matin j'entendais à la radio que le positionnement de la Terre nous donnait enfin un soleil de printemps. Finis cette damnée luminosité d'hiver ou plutôt cette absence de! Il fait encore -187 degrés, mais au moins le ciel est bleu et le soleil brille. Enfin je respire.