Je sais, je sais, je ressasse toujours les mêmes choses. J'ai souvent l'impression de tourner en rond. Je suis aussi resté vague dans ce bout de texte, que je n'ai pas du tout l'intention de retravailler, car je n'avais pas envie de tout partager cette fois. C'est le mieux que j'ai à vous offrir!
J’étais prêt. J’étais décidé à franchir cette étape. J’étais disposé à subir la transformation. J’étais même enthousiasmé jusqu’à un certain point d’aller dans cette nouvelle direction. J’étais excité à l’idée de mes futures nouvelles libertés. Toute cette préparation, cette transformation est le résultat d’un parcours long, intense qui m'obsède et mobilise toutes mes énergies créatives. Il n’y a pas une seule journée qui passe sans que je me questionne sur les options qui s’offrent devant moi. Je regarde mon cathéter veineux central, qui irrite mon artère, qui se positionne jusqu’à l’intérieur de mon cœur, mais qui surtout, encombre ma poitrine de ses longs tubes de plastique qui perforent ma peau et je ressens de plus en plus l’exaspération grandir en moi. Je le regarde me stigmatiser de l’intérieur, me pointer du doigt, m’étiqueter; je voudrais l’arracher pour le clouer au mur. En faire abstraction est impossible pourtant, il faut que j’y arrive dans une certaine mesure afin de m’en libérer et pouvoir m’exprimer pleinement. Ce serait peut-être plus simple avec une fistule artério-veinneuse.
J’étais donc prêt, décidé, disposé, enthousiaste même, excité jusqu’à un certain point de prendre cette décision et d’opter pour la fistule, cette opération toute simple qui consiste à relier une veine à une artère du bras afin d’en accroître le débit sanguin, permettant ainsi l’accès à la dialyse à l’aide d’aiguilles, de grosses aiguilles. Outre les risques diminués, je voyais soudainement en cette méthode qui m’a longtemps horrifié, un répit, un moyen de souffler un peu et de pouvoir regagner confiance l’espace d’un moment. Aujourd’hui, je ne sais plus. Encore une fois, je doute. La confiance est quelque chose qui se bâtit et se construit au fil des expériences et des rencontres. Cette ambivalence par rapport à la fistule, cette chose extérieure, ne peut plus interférer avec ce qui me définit intérieurement.
Je me suis donc regardé de l’intérieur, au fond de l’âme; un exercice que je n’avais pas pris le temps de faire depuis des lustres, trop occupé à analyser, rationaliser, classifier et autres exercices cartésiens. Je me suis vu ne plus être là, ne plus être où j’aurais dû, laissant libre cours aux angoisses, aux incertitudes cancéreuses, aux frustrations et autres fléaux quotidiens qui nous affligent tous, prendre le contrôle sur ma vie, sur mon être. La personne aux commandes était ce doppelgänger ténébreux, s’alimentant de mes vulnérabilités les plus intimes, aveuglant l’espoir, paralysant le courage et refusant l’amour. Il suffit parfois d’une étincelle pour éclairer un monde. Ce soir-là, j’ai allumé une autre bougie. J’étais témoin de mon propre abandon et je me suis tendu la main, refusant les ténèbres.
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