mardi 8 février 2011

Un pas de plus.

Demain je vais passer le dernier test qui me permettra d’être finalement inscrit sur la liste d’attente de Transplant Québec. Bien que ce soit un examen de routine, ceci marque un point de non-retour pour ma santé et la perception que j’ai de toute cette situation. Pour exécuter ce test, une imagerie des poumons, on devra m’injecter un colorant afin d’accroître le contraste des photos. Ce colorant signe en quelque sorte l’arrêt de mort de mes reins, car ils le tolèrent
difficilement.

Il n’y a jamais eu de doutes que mes reins allaient totalement cesser de fonctionner un jour, mais quelque part redisait toujours l’espoir; un espoir fondé sur de la magie sur ce qui ressemble j'imagine à la croyance avec une grande croix. Je comprends aussi que c’était jusqu’ici, une façon de me protéger du découragement et bien sûr du désespoir.

Cette réflexion peut sembler injustifiée ou démesurée à cause de la nature inévitable de la situation, mais cela perturbe quand même quelque chose de profond dans mon identité. Je ne peux chasser l’idée que mon corps n’aurait pas survécu en nature, que j’aurais eu beau être dans la meilleure des formes physiques, avec la meilleure alimentation et dans le meilleur climat; mon corps n’aurait pas survécu et je serais mort avec lui. Cette idée secoue des fondations en moi, mais du coup me libère d’une certaine emprise. Bien que l’analyse reste floue, le sentiment lui est précis.

Je me tourne maintenant vers l’avenir avec une perspective modifiée. Je ne peux pas dire “nouvelle”, car je reste qui je suis, mais avec un déplacement dans l’axe du regard que je porte sur moi et sur le sens de la vie, de ma vie.

2 commentaires:

  1. Anonyme10.2.11

    Ouf! quel beau texte déchirant, rempli de sagesse et de courage, et qui me donne envie de me recueillir. Le seul commentaire qui me vient à l'esprit est de te dire que je t'aime (mon ptit blip-blip) et que je te souhaite un rein tout neuf en 2011!
    XXX Ma tante-Framboise

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  2. O..k.. j'ai lu le texte suivant sans avoir lu celui-ci, c'est donc pour ça que j'ai compris que dalle...

    C'est effectivement un texte plein de courage et NON! ta réflexion "protectrice" ne semble pas du tout injustifiée où démesurée mais bien tout à fait normale. Y aurait juste un robot, un Ontarien où un ordinateur-pas-Apple pour penser le contraire.

    Même chose pour l'analyse floue, qui n'est finalement pas si floue d'après moi : si ta maladie est un exemple malheureux de la loterie qu'est notre code génétique, la médecine moderne peut parfois déjouer l'injustice, laissant toutefois derrière elle la cicatrice permanente d'une certaine chance de ne pas être né il y a trop longtemps.

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