Bienvenue sur « Hypertendu », une saga médicale d'un dialysé en attente d'une greffe.
samedi 25 avril 2015
Méga hôpital sans dialyse.
vendredi 13 mars 2015
Restant des fêtes.
J’ai beau m’insurger contre lui, je suis quand même en train de consulter sa recette de pâté au poulet sur internet afin de passer un restant de dinde du jour de l’an. Je n’ai pas le choix de piler sur mon orgueil et d’avouer que son site de recettes est foutument bien fait et qu’il déçoit rarement. Je vais tout de même y mettre ma touche personnelle et ajouter du romarin ainsi que le délicieux bouillon dans lequel est figée la dinde. Je vais même faire la pâte brisée à la main, mais je vais remplacer le beurre par du Crisco végétal. En fait, je dois remplacer le beurre. Je ne peux pas l’utiliser à cause de l’insuffisance rénale. Quatre ans de dialyse, quatre ans de privation de beurre dans la pâte, de fromage dans les sauces, de lait dans les céréales et de toute façon, de céréales aussi.
Quatre ans de Ricardo qui calice quantité de produits laitiers dans ses recettes, qu’il ne confectionne même pas, qu’il y a au moins douze cuisiniers qui font sa job à sa place, de maudite fraude qui fait juste sourie à la caméra et vendre sa marde encore et encore.
Bon, évidemment il met des pommes de terre dans sa recette et je dois aussi éviter les aliments riches en potassium comme ladite patate. Je m’adapte, comme toujours. Je vais doubler la quantité des autres légumes et je vais ajouter des champignons revenus à la poêle. Je me sens créatif ce soir, malgré tout, prêt à improviser autour de la recette parfaite de Ricardo le parfait et de ses dents parfaites de parfait mannequin.
Ma poêle est chaude à point, j’y jette les champignons taillés en quartier. Je ne les remue pas afin qu’ils perdent leur eau et grillent. Au bout de quelques minutes, je les retourne; ils sont à point. Parfait, je réserve. Je prépare ma brunoise de légumes - carottes, oignions, cèleris - avec une précision méticuleuse digne des maîtres. Mon couteau est affuté et mes mains agiles, mais fermes. Je retourne vérifier la liste des ingrédients déconcertante par sa simplicité:
- Fécule de maïs, pour donner de la densité au mélange;
- De l’eau froide, pour diluer la fécule de maïs;
- De la farine blanche, aussi pour donner de la texture, j’imagine;
- Du beurre ramolli, encore du tabarnak de beurre ?;
- Du poivre, on se lâche lousse;
- Du sel, que je dois aussi éviter, mais que je vais mettre pareil parce que d’la marde;
- « et un peu de sucre en poudre! »
La recette de pâte brisée sur le site de Crisco diffère légèrement en terme de proportions pour l’utilisation du beurre. Pour me simplifier la vie et tel que recommandé par Crisco, je décide d’utiliser le robot culinaire ultra puissant que ma mère m’a donné un jour à Noël. Une vraie pièce de collection. D’ailleurs, Ricardo, je crois qu’on à exactement le même modèle, ce qui me rend pas peu fier. Tu vois, moi aussi j’ai un peu de sang bourgeois qui coule dans les veines. Du sang de bourgeois impur, certes, du sang intoxiqué d’urée et de créatinine, un sang filtré à chaud, autour de 37oC, aux deux jours et en vain. Éternel recommencement, pendant quatre heures à chaque fois, me drainant de toute mon énergie à chaque fois, me rendant aussi loquace qu’une carotte bouillie à chaque fois, transformant mes muscles en pâte de carton à chaque fois. Le corps ne s’habitue jamais à ça.
Ha fuck! J’arrive jamais à réussir la maudite pâte brisée! J’ai trop pétri ? Trop ajouté d’eau ? Pas assez ? Ricardo, dis-moi donc ce que j’ai pas fait de correct. Rends-toi utile pour une fois calvaire. La pâte colle à mon plan de travail pourtant généreusement enfariné. J’arrive de peine et de misère à former une surface assez grande pour recouvrir la majeure partie de mon plat creux, mais un travail de rafistolage est nécessaire Tu vois, je m’adapte, encore une fois. Moi aussi j’aimerais que ma vie soit une belle pâte lisse et ferme qui épouse parfaitement le moule qu’on me présente. Mais non! Ma vie est une pâte brisée qui se déchire; j’assemble du mieux que je peux les morceaux pour que ça se tienne. Parfois ça fonctionne, d’autres fois je vois les cicatrices laissées par ce travail de raboutage. Mon fond de pâté ressemble plus à une courtepointe qu’à une œuvre culinaire; c’est pas grave ça va être bon pareil. C’est toujours ça que je me dis.
Le pâté dans le four, son délicieux arôme se répand dans l’appartement : ça sent les fêtes, ça sent le réconfort. Tu sais Ricardo, ce n’est pas contre toi que j’en ai. C’est cette maudite situation que j’endure et que tu me remets en pleine face à chaque fois que tu présentes une recette toute simple. Parce que pour moi, ce n’est presque pas possible d’avoir de la simplicité en cuisine. Comme dans le reste de ma vie d’ailleurs. Encore l’autre soir, je me suis dit que j’allais sortir, m’asseoir au bar et siroter quelque chose, peut-être même un alcool fort genre whisky ou bourbon. Mais tu sais, la réalité reviens vite au galop et je suis plutôt passé tout droit, observant au passage le reste de ma génération avoir ce qui semble être du plaisir; éclats de rires, toast à l’une puis à l’autre, jeune couple ou en voie de l’être qui se noie dans le regard de l’autre et ma trentaine, dans le fond de la salle, qui me fait bye-bye de la main. À chaque fois je me fais prendre. À chaque fois que j’essaie d’ignorer la réalité trente secondes, d’entrer en phase de déni provisoire, je me fais mordre cent fois plus fort; une crisse de gifle. Faque va chier avec ton pâté au poulet, mais prend le pas personnel.
Si jamais ça sent le brûlé ce soir, Ricardo, ce n’est pas à cause de toi ou de ce qui cuit dans le four : c’est juste mon cœur carbonisé qui abdique.
mardi 10 février 2015
Un oubli de taille.
samedi 4 octobre 2014
Quand la vie fait des jambettes.
mardi 2 septembre 2014
The Ward (documentaire)
THE WARD
À bientôt.
samedi 29 septembre 2012
Fistule II: Le retour.
jeudi 27 septembre 2012
Mauvais rêve / La Force d'un guerrier.
mercredi 28 mars 2012
À bout de souffle (Ceci n'est pas un film)
Je vous ai souvent parlé de ma situation médicale, des derniers tests, des opérations et des développements concernant la greffe. Je me suis rarement confié à vous, rarement je vous ai décrit comment je me sentais de l'intérieur. Je ne vous cacherai pas que j'ai préféré entreprendre une thérapie plutôt que d'étaler mes sautes d'humeur sur la toile. Je vous ai déjà dit que j'étais bien entouré aussi, ce qui est magnifique pour le moral. Il y a cependant quelque chose que j'aimerais tenter de partager avec vous. Je dis bien tenter, car c'est une chose que vous n'avez sans doute jamais vécue, que je vous souhaite d'ailleurs de ne jamais vivre. Cet événement qui est d'une grande banalité est le retour à la maison après un traitement de dialyse. Ceux qui l'on vécut doivent comprendre exactement de quoi je parle. Malheureusement.
Après 4 heures de traitement, mon cœur bat vite. Il vient d'être mis à rude épreuve, cela fait quatre heures qu'une machine entrave son travail et l'oblige à forcer davantage. J'ai le souffle court. Je retourne à la maison en transport en commun; je dois marcher jusqu'au métro, l'emprunter pour une dizaine de stations et marcher jusqu'à la maison. Plusieurs épreuves sont à prévoir durant le trajet. Me rendre au métro est sans doute ce qui est de plus facile, mais déjà quand j'ai l'occasion de m'assoir je constate que mes jambes sont molles, que je suis essoufflé d'avoir à peine marché 10 minutes. Je dois me concentrer pour rester droit sur mon banc, car je n'ai que l'envie de m'évacher complètement. J'ai besoin de me couper du monde; je mets mes écouteurs et je me ferme les yeux. Les stations passent et je perds le fil. À certains moments je crois que je m'endors l'espace de quelques secondes. Tout est si lent à l'intérieur. Métro Joliette, c'est ma station, je débarque et me retrouve au pied de l'escalier. Après à peine trois ou quatre marches, je sens la fatigue qui brûle mes jambes. Mes cuisses sont lourdes et alors que j'avais l'habitude de monter ces marches deux par deux, je me laisse dépasser par tout le monde. À la sortie, il arrive parfois que l'escalier roulant ne fonctionne pas. Je dois alors reprendre mon souffle à chacun des paliers et permettre au feu dans mes jambes de s'éteindre. Une fois à la maison, je mange un peu, je m'installe étendu sur mon divan emmitouflé dans une couverture chaude et j'entame un épisode de série télé sur mon ordi. Je ne vois jamais la fin. À mon réveil, il m'arrive souvent d'être désorienté et il me faut quelque minutes pour comprendre où je suis et qu'il est l'heure de souper.
Ces trois jours dans la semaine, lorsque je reviens à la maison la plupart des gens qui me connaissent comprennent que je suis fatigué. Ce qui est moins évident à comprendre, je crois, est que mon esprit aussi est grandement affecté. Si vous voulez me vendre quelque chose, c'est le temps idéal. Mon esprit analytique est complètement pulvérisé par l'effort de faire des liens et il m'est incapable de saisir le deuxième degré. Je prends soudainement l'ironie et le sarcasme au pied de la lettre. Il n'y a plus d'envers du décor. Il n'y a pas de débat ou d'argumentation possible. Les formalités sont épuisantes. Je suis soudainement vulnérable et ma meilleure défense est le silence. Si on répond avec humour à une question que j'ai pris soin de me repasser plusieurs fois dans la tête afin d'en mesurer la légitimité, je suis déboussolé, je ne capte pas la forme. « C'est une blague ». Ah, oui. J'avais compris, mais ce n'est pas drôle. Cela me fâche, je suis faible. Le ridicule est en train de me tuer. Il faut que je sorte d'ici. Ne me parlez plus. Je ne me reconnais pas, je ne comprends pas ce qui m'arrive, pourtant cela se répète trois fois semaine. Je m'enferme. J’attends que ça passe, j’attends demain.
Avez-vous déjà vu des gens craquer sous l'effort physique? Alors qu'ils sont épuisés et qu'ils sont sur le point de tomber sans connaissance, on leur ordonne de continuer. Et ils craquent. Parfois, il m'arrive de craquer parce que je dois sortir le soir et marcher quinze minutes pour m'acheter de quoi manger. C'est ça, mon retour de dialyse.
mardi 11 octobre 2011
Obsession macabre
Lors d'une discussion avec mon infirmière concernant ma décision d'adopter ou non la fameuse fistule, celle-ci a secoué ma réflexion en affirmant que je ne devais pas prendre en considération la greffe, car elle ne pourrait jamais arriver; je devais me décider selon ma situation présente. J'ai donc décidé d'y aller pour la fistule : moins de risques d'infection, permettant l'exercice physique et la baignade, bref, en tout point supérieurs à mon présent cathéter. De plus, apparemment je pourrais la refermer après ma greffe! (information que j'ai eue sur le tard)
J'écoutais la radio la fin de semaine passée et l'annonceur commence à parler du long congé de l'Action de grâce sur les routes du Québec. Après qu'il ait mentionné que déjà lundi on rapportait six morts, j'ai eu le réflexe de vérifier ma pagette. Juste au cas où... Je suis même resté un peu surpris en constatant qu'on ne m'avait pas appelé. Quand même, six morts et pas un rein pour moi... C'est assez décevant.
Autres situations où j'ai des visions de scalpel et de bains de glace : je discutais avec mon livreur de fournitures médicales et celui-ci me confesse être du même groupe sanguin que moi. Quelle ironie. Deux semaines plus tard, en jasant avec mon infirmière du don croisé et m'avoue elle aussi porter ce précieux groupe tant convoité! Je ne sais pas si cela peut se traduire en une certaine forme de paranoïa, mais j'affirme que cela est un complot. Il est évident qu'il y a un réalisateur qui, de sa régie, place des individus compatibles dans mon entourage afin de capturer une quelconque réaction de ma part afin d'augmenter ses cotes d'écoute.
Je vais commencer à travailler (en principe cette semaine). Trois jours semaine pour débuter. J'ai bien hâte; cela fait un an que je ne suis plus sur le marché du travail. Ce dont j'ai encore plus hâte par contre, c'est de prendre une douche. Bien chaude.
vendredi 16 septembre 2011
Message au monde médical
Le monde médical est probablement un des domaines humains les plus complexes et complets qui existe en ce moment. Ce domaine doit conjuguer à peu près toutes les sphères de connaissances pour pouvoir fonctionner adéquatement. Des dernières avancées technologiques qui regroupent à elles seules une multitude de domaines et en passant par les relations humaines, l'éthique et le développement organisationnel; la médecine est en constante évolution d'un bout à l'autre du spectre de l'évolution humaine.
Mon aventure récente m'indique toutefois qu'une certaine idéologie en place est dû pour un changement. Depuis mon admission à l'hôpital, les différents spécialistes m'ont toujours gardé informé de leurs observations et déductions concernant ma maladie et les traitements qu'ils jugeaient adéquats. Ils ont fait un travail de maître afin de vulgariser et m'informer de la situation, me permettant de comprendre et d'anticiper les étapes à suivre. Jusqu'ici, je ne peux rien leur reprocher. Là où j'ai un sérieux problème, c'est que depuis le début on me fait miroité qu'il existe plusieurs alternatives à mes traitements, que j'ai des options, que je peux décider de la façon dont je vais être traité. C'est faux. Depuis le début c'est de la calice de bullshit. Le seul choix véritable que j'ai eu c'est entre l'hémodialyse et la dialyse péritonéale. Qu'on me dise ensuite rendu en hémodialyse que j'ai différentes options de cathéter, que je vais avoir des décisions à prendre et que je devrais peser les pour et les contre de chaque méthode afin de faire mon choix est une remarquable tromperie. La vérité c'est que je n'ai pas le choix. Je devrais avoir une fistule au bras point final. D'ailleurs, j'en ai plein le cul qu'on me fasse croire que j'ai mon mot à dire dans toutes ces démarches.
Je comprends que la démarche est de faire sentir au patient qu'il est encore autonome ou je ne sais quel autre sentiment d'estime de soi. Tout cela est ridicule. Premièrement, je n'y connais rien et mes connaissances en la matière sont égales aux informations transmises par mes médecins. Ensuite, le spécialiste qui s'est tapé quinze ans d'études c'est le médecin et celui-ci devrait simplement m'informer de sa démarche point finale. « Monsieur, il se passe ci et ça et nous allons devoir faire ci et ça ». Pas de « il existe cette méthode et cette méthode et il serait aussi possible de faire cette méthode ». Par ce que quand ils vous disent ça, c'est qu'il y a en fait UNE méthode qui est supérieure et qu'en fin de compte c'est celle là qu'on va vous conseiller obliger à emprunter.
À chaque fois qu'on me donne un choix, je me fais de faux espoirs.
Message à la médecine moderne : Vous devez prendre les décisions, pas nous. Arrêter cette stupide mascarade au nom d'un service plus chaleureux. C'est de la crisse de marde.
samedi 3 septembre 2011
Mise au point d'une saga.
Ma saga médicale a été marquée par une série d'embûches et de cas d'exceptions.
Au départ, l'insuffisance rénale est habituellement causée par un diabète ou de l'hypertension. Mon diagnostic fut plutôt celui d'une malade; une glomérulonéphrite représentant un faible pourcentage des causes d'insuffisance. De cette fraction, je fais partie des rares cas où cette maladie se développe de façon fulgurante pour atteindre la fonction rénale au point de nécessiter des traitements de dialyse.
Afin d'obtenir ce diagnostic, les médecins ont procédé à une biopsie rénale qui s'est traduite par une hémorragie interne; le deuxième cas dans la très longue carrière de ma néphrologue.
L'opération pour placer mon cathéter abdominal s'est passée sans soucis. Mon médecin m'avait toutefois prévenu que dans de très rares cas, la dialyse péritonéale pouvait être moins efficace selon la réaction du péritoine du patient; par osmose, cette membrane laisse passer les particules d'eau et les toxines en trop. Après une récente chute de ma fonction rénale résiduelle, les traitements de dialyse péritonéale ont cessé d'être suffisamment efficaces. Nous avons tenté de modifier le traitement, ajouter du liquide, augmenter les temps de contact, mais les résultats d'analyses nous ont obligés à prendre la décision de me transférer en hémodialyse.
J'ai appris la nouvelle un mardi et le jeudi on m'opérait à nouveau afin de placer un cathéter dans mon cou, qui allait une des artères qui alimente le cœur. Heureusement, une fois de plus cette procédure qui se fait par anesthésie locale s'est déroulée sans encombre, mais est aussi plaisante que de se faire percer un bleu avec un dé à coudre.
Évidemment, cette procédure n'est pas celle qui est privilégiée en hémodialyse et représentait dans mon cas une mesure d'urgence.
Il me faut encore attendre avant de voir quelles seront les possibilités de traitement pour les prochains mois, les prochaines années, avant que la fameuse transplantation tant convoitée arrive, avant que je reçoive le précieux organe. Cela arrivera tôt ou tard. J'ai un deuxième ami qui a décidé de faire les démarches et d'aller de l'avant avec un don croisé (malheureusement personne de mon groupe sanguin pour l'instant). Cela m’encourage évidemment énormément à continuer cette adaptation continuelle à ce nouveau mode de vie, à ces embûches et ces cas rares. Si je voulais être un homme d'exceptions, j'ai déjà réussi...
samedi 23 juillet 2011
Comme un coup de massue
Cette semaine, je m'étais promis d'entreprendre la recherche d'emplois. En réalité, je me sentais vraiment d'aplomb et reprendre le travail, faire les démarches déplaisantes afin d'en trouver, semblais finalement, non plus réaliste, mais comme la chose à faire. Je n'ai généralement aucune motivation pour ce genre de tâches, alors ce sentiment était drôlement bienvenue.
Mercredi passé, j'ai reçu de mon médecin les résultats de tests d'analyse d'échantillons fournis la semaine précédente. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Les analyses sanguines ont démontré que mon taux de créatinine avait grandement augmenté se trouvant maintenant au dessus des 1700 (la normale étant plus ou moins 90). Mon taux d'urée avait aussi augmenté, tout comme mon niveau de phosphore. Ces chiffres seuls ne veulent pas dire grand-chose, mais en réalité la situation est fort simple : ma fonction rénale s'éteint de manière de plus en plus définitive.
J'avais encore ce qu'on appelle une fonction rénale résiduelle qui me permettait de me débarrasser par les urines, de quantités convenables de toxines. Maintenant, je vais aux toilettes aussi souvent que passe l'autobus 29 Rachel dans mon quartier : on a droit à un vœu lorsqu'on la croise. Cela veut donc dire que ces toxines, qui ne sont plus éliminées par l'urines doivent sortirent par un autre moyen, ce qui est le rôle de la dialyse. En ce moment, avec les taux de toxines qui augmentent drastiquement, on comprend que la dialyse ne compense plus suffisamment et qu'il faut absolument ajuster ce traitement. Heureusement, il me reste un peu de marge de manœuvre, mais tout indique que mon péritoine (la membrane qui est censée permettre aux toxines de traverser vers le liquide de dialyse) ne répond pas comme on l'aurait espéré. Bref, tout ça peut paraître un peu compliqué, ce qu'il faut toutefois retenir c'est que mes traitements n'offrent pas les résultats espérés et qu'il se pourrait que j'ai à changer de méthode. Changer de méthode veut dire l'hémodialyse. Je sais que des centaines de personnes se servent de ce traitement sans problèmes, mais moi je n’en veux pas. J'en ai peur, comme d'une araignée au plafond : c'est irrationnel, mais puissant. M'imaginer me rentrer des aiguilles dans le bras pour filtrer mon sang me le glace.
Cette nouvelle est tombée comme un coup de massue au moment où je reprenais confiance, au moment où j’acceptai ma situation comme étant mon quotidien. On dit que la maladie est un combat et j'ai parfois envie de jeter la serviette. Pourtant, ce combat on ne peut l'abandonner : on n'échappe pas à l'arène du Colisée et de ses fauves affamés. Cette mauvaise nouvelle est un coup de plus à encaisser et je tente de garder mon sang-froid et garder mes esprits clairs. Sur le moment, la panique s'est emparée de moi, la tristesse aussi. Pourquoi? Pas de réponses. Je me suis dit: « Ça y est, je vais en Thaïlande me chercher un rein sur le marché noir ». Puis là, je suis allé faire l'épicerie en pensant à tout ce que j'allais cuisiner. Ça m'a calmé. Je vais maintenant tout faire pour ne pas passer à l'hémodialyse, quitte à faire des traitements pendant le jour. J'en suis là. Je ne crois pas aux miracles, mais je crois à la transplantation qui me donnera un répit de quelques années... Pourvue qu'elle arrive à temps.
mardi 12 avril 2011
Schwartz's, chocolat et bonnes nouvelles.
dimanche 20 février 2011
Tomas Plekanec
mercredi 19 janvier 2011
Le Cycleur
samedi 11 décembre 2010
Un peu de clarté...
jeudi 2 décembre 2010
Dernières nouvelles
Depuis les dernières semaines, je me suis fait de nouveaux amis. Un médecin fort sympathique, une infirmière incroyablement dévouée, un cathéter abdominal que j’ai instinctivement baptisé Arnold et mon meilleur ami l’angoisse qui devrait me lâcher pour les prochains jours. J’ai délaissé le blogue pendant un petit moment et dans le domaine médical il se passe bien des choses pendant ces petits moments.
Ma condition s’étant rapidement détériorée (il y a plus ou moins 6 semaines), il fallait agir vite. Mon médecin et moi en sommes inévitablement venus à la conclusion que je devais commencer la dialyse le plus rapidement possible. Il y a deux types de dialyses : la classique dite hémodialyse où le sang est filtré par une méga machine et celle que j’imagine pratiquement personne ne connait appelé péritonéale. J’ai choisi cette dernière afin de préserver l’hémodialyse pour mes vieux jours ! Je vous expliquerais un jour, quand je serais vieux justement. C’est donc par une opération sous anesthésie locale et grâce à des méthodes moyenâgeuses que mon médecin a placé un tuyau dans mon abdomen afin d’obtenir une voix d’accès pour le remplir d’une solution spéciale. Quand je dis placer je veux dire passer au travers des abdominaux avec un petit scrounch qui surprend. Si vous allez à l’hôpital et que le médecin vous dit qu’il va devoir placer ou installer un quelconque objet médical dans votre corps… méfiez-vous, ça se termine toujours par la famille des couper, percer, piquer, planter et autre verbes de nature barbares lorsqu’ils sont accordés avec le corps humain.
Arnold, mon cathéter est donc en place et j’attends simplement que deux semaines s’écoulent afin que la plaie soit suffisamment cicatrisée pour commencer la dialyse. Une première ronde d’angoisse débute alors. Vais-je être assez résistant pour endurer deux semaines de détérioration continue de ma composition sanguine avant la dialyse salvatrice? Et si non, devrais-je être obligé de commencer par l’hémodialyse d’urgence qui peut se traduire par un boyau planté dans une artère du cœur? Après un peu moins d’une semaine, j’ai eu de sérieux symptômes et j’ai vraiment pensé que je venais de subir une intervention chirurgicale pour rien. Finalement, j’ai débuté la dialyse une semaine plus tôt que prévu et depuis mon état s’est grandement amélioré.
Cela fait maintenant 5 semaines que je fais mes échanges dialytiques 4 fois par jour à la maison et tout se passe très bien. J’ai même enfin pu prendre une douche hier, car depuis l’opération je me lavais à la débarbouillette afin de garder le site de sortie bien sec. Les démarches pour la greffe sont en marche; je vais bientôt passer mes premiers tests. D’ici là, je devrais pouvoir me servir d’un appareil qui fera mes échanges pendant la nuit, me laissant enfin libre pendant le jour et retourner éventuellement travailler… Progressivement !
Je ne crois plus donner de nouvelle via ce blogue… j’attends la greffe et d’ici là c’est la routine !